Devenir distillateur

Devenir Distillateur : Matthieu Frécon et Christophe Bouvet (2013)
February 1, 2016 damir

Devenir Distillateur

Stage d’initiation à la distillation et à la spagyrie à la Ferme du Vastel

Ferme du Vastel – Christophe BouvetEul’fermier
50630 Teurthéville-Bocage
09 64 16 52 73.
fermeduvastel@gmail.com

Pour toutes questions pertinentes et impertinentes sur l’Art de la Distillation, la Spagyrie ou l’Alchimie, un seul site de référence :
Devenir-Distillateur
animé par l’infatigable Matthieu FRÉCON.

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Matthieu Frécon écrit à B. Noël, le 1er juillet 2013

Salut Benoît !

Je suis très content que tu ais apprécié cette rencontre avec Boris dont je pense les mêmes bonnes choses que toi. J’ai hâte de te voir et de t’entendre dans ce DVD, et je suis très très honoré de ta participation ! Si en plus il y a  du Ubu, alors, tout prend un sens (hum, le sens pataphysique…) !

Très content aussi que tu ais aimé la chandelle verte. C’est une collaboration avec un ami pataphysicien de premier désordre, un grand moment dans ma vie de distillateur… Nous avons fait cette chandelle quelques années. J’aimerais que tu me dises, toi qui as une grande culture sur le sujet (au contraire de moi qui n’ai jamais gouté de vraiment bonnes absinthes, ni de très vieilles) un peu plus sur notre chandelle, et aussi, est-ce qu’elle ressemble aux anciennes absinthes ? j’ai l’impression que son goût vert et amer, et mentholé, correspond bien au goût de 1900, avant les anisés sucrés d’aujourd’hui. En plus, comme elle n’est pas très anisée, elle ne louche pas facilement (c’est pour mieux l’étendre d’eau sans chagriner Jarry…).

Mon stage est près de Cherbourg, les 27 et 28 septembre. ça se passe chez un producteur de cidre, ça s’adresse aux gens qui veulent apprendre la distillation de l’alcool, dans le domaine des plantes médicinales surtout (syndicat SIMPLES). Mais c’est ouvert à tous. Le 1° jour, c’est l’art du bouilleur de cru, en pratique et en légalité, dégustations en fin de journée, ça se passe dehors en général. Le soir, conférence à Cherbourg. Le 2° jour, causerie sur les rapports entre santé, bien-être, et spiritualité, puis l’alchimie appliquée aux médecines naturelles, des distillations diverses au cours de cette journée. Pas d’ésotérisme, que du naturel !

Si tu veux venir, tu es mon invité. Je serai très heureux de te rencontrer à cette occasion. Sinon, je tacherai de passer chez toi avant ou après le stage, le temps d’une visite éclair (je serai sûrement dans la Creuse la veille pour le même programme, et à Orléans le dimanche…). D’habitude, les stagiaires font et partagent leurs repas.

Ici, dans les rizières de BKK, je distille des fruits exotiques, des fleurs aussi… des méthodes naturelles, il faut inventer des façons de remplacer les levures par exemple, c’est très très intéressant ! Les Thaïs sont des gens charmants, je suis très très content de ce travail !

À très bientôt de toutes façons !

Matthieu

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Benoît NOËL écrit sur le site Musée virtuel de l’absinthe le 30 octobre 2013 :

En octobre dernier Matthieu m’invitait à suivre un stage de distillation chez Christophe BOUVET (Ferme du Vastel), près de Cherbourg dans le Cotentin (Manche). Le bouche-à-oreille étant la meilleure des publicités, on se rue aux stages de Matthieu. À preuve, un participant n’a pas hésité à rallier en vélo depuis Bruxelles, la Ferme du Vastel (Theurthéville-Bocage). Il est vrai que cette ferme cidricole exsude un franc feng shui. Christophe Bouvet est sorti de l’AOC récemment : – Tu comprends, je refuse toute levure effervescente, souffre ou acide citrique. Matthieu, goguenard lui propose de mettre du citron en lieu et place d’acide citrique. – Ah, non, quand même pas, j’en mets volontiers dans ma Fleur de sureau mais dans le cidre, faut pas abuser quand même. Matthieu insiste : – Mais pourquoi non ? moi personnellement, j’essayerai le citron… Il est comme ça, Matthieu, il n’aime pas les sentiers balisés et défriche à tout va. Il confère deux jours durant sans consulter une note mais dort en toute saison la fenêtre grande ouverte. Le cerveau vertement oxygéné, il reprend une large bolée d’iode marin lorsqu’il entame son cours magistral. Il regarde à gauche puis à droite ou l’inverse, feignant de chercher l’inspiration mais jauge plutôt subrepticement la qualité d’écoute de chacun des participants. Il sait qu’il va devoir ramener dans le cercle ceux préférant le savoir à la saveur comme ceux se dissimulant derrière l’opposition systématique, le cynisme ou le mot d’esprit à tout va. Au demeurant, il se charge de faire lui-même l’examen critique des propositions qu’il avance. On gagne du temps. Il n’assène aucune vérité, il témoigne de son expérience concrète et n’invite pas tant à la suivre qu’à s’en servir comme base d’expériences personnelles. Sa vaste culture lui autorise des synthèses originales. Le but du stage est de multiplier échanges, passerelles et ponts entre praticiens de la dilution, de la macération et de la distillation ne se fréquentant pas. Ces dames des huiles essentielles, adeptes de la phytothérapie et ces messieurs de la goutte, fervents de la cuite. Magie du lieu, à la Ferme du Vastel, cette répartition des rôles est parfois inversée : Claire, au demeurant excellente cuisinière, est distillatrice-ambulante de premier jet et certains hommes sont tentés par la distillation des simples des prés. Il est vrai, qu’en cette période de redéfinition des genres, produire des fragrances supposées féminines ou masculines est un peu old fashion, isn’t it ? Matthieu n’apprécie pas le mot « produit » suggérant des préparations lisses et trop rondes, il aime les perles baroques. Il déplore surtout que le spiritueux perde en spirituel : – Sur la place du village, il vaut mieux emprunter les passages cloutés pour aller de la pharmacie à l’église ou au bistrot. Paradoxalement, les adeptes de l’élixir, du vin de messe ou de l’apéro se boudent à l’heure actuelle. Leurs passés sont pourtant bougrement croisés. Matthieu dit encore : – In fine, seul le corps ne ment pas : dans une dégustation, l’eau-de-vie que vous avalez est meilleure que celle que vous recrachez. C.Q.F.D ! La première journée, les stagiaires sont invités à produire collectivement du calvados sur un alambic Deroy simplex de 50 litres. Le résultat est honorable. Les uns se sont risqués à luter, d’autres à la bonne chauffe. Le second jour, on procède non moins collectivement à la production d’une gélule homépathique à base de ce calvados et de myrte, cueilli la vieille dans la cour du Vastel. Entre-temps, Matthieu fait généreusement goûter ses productions maison. Éblouis, certains vont jusqu’à boire son eau de rose ! Intarissable, Matthieu explicite maintenant alchimie et spagyrie. Il avance en souriant : – Sel et sucre sont de la lumière congelée. On se surprend à tout comprendre de ses explications nettes et précises sur la pierre philosophale, la quintessence ou la pierre de vin. Logique, il parle d’or avec un réjouissant dédain de l’oseille pour l’oseille.

Benoît NOËL – Octobre 2013

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Matthieu Frécon écrit à B. Noël, le 22 janvier 2014

Salut Ben !

Merci pour ces articles et photos ! Ton compte-rendu du stage au Vastel est le texte le plus beau et le plus élogieux sur moi 🙂

J’étais justement en train d’écrire d’écrire un article sur l’absinthe, à partir de la reconstitution de la recette primitive que tu donnes dans L’absinthe, un mythe toujours vert.

J’ai donc de nouveaux liens à faire, chouette !

Nous étions à Bâle hier, vu la buveuse d’absinthe de Picasso. C’est vrai que Picasso ne semblait pas trop aimer la verte…

On est sur un projet d’Absinthe au chanvre : “Les deux Vertes “, recette en cours… On travaille aussi sur la chartreuse.

Bon tout à tous !

Matthieu