Passions Grand Est 2002-2003

Passions Grand Est 2002-2003
January 30, 2016 Veronique Herbaut

Passions Grand Est, 2002-2003

 

Benoît Noël : Le gendre de Mamie Gentiane, Passions Grand Est, N°24, juillet-août 2003.

Chapeau de l’article : Tonique amer, l’eau-de-vie de gentiane se distille encore artisanalement dans le Jura. Cette plante vigoureuse aux feuilles vernies et aux fleurs d’un jaune flamboyant pousse spontanément sur les pâturages calcaires de moyenne altitude. Les vaches la délaissent au grand profit des fermiers qui en tirent l’élixir du montagnon…

 

Benoît Noël : François Guy, Cuillère d’Or des Absinthiades 2002, Passions Grand Est, N°22, décembre-février 2003.

François Guy a fait mentir le dicton. Si nul n’est prophète en son pays, son spiritueux aux plantes d’absinthe vient d’être sacré Cuillère d’Or du Concours de dégustation de similaires d’absinthe, organisé dans le cadre des Absinthiades 2002, vaste brocante dédiée à la Fée verte. Sous le strict contrôle de Maître Richard Cardot, huissier pontissalien et la conduite de Philippe Chapon, caviste de l’Echanson, une vingtaine d’experts ont jugé, à l’aveugle, dix spiritueux français. Elus municipaux, journalistes et historiens ont noté la couleur, l’arôme, le trouble et la tenue en bouche d’alcools, oscillant entre 45 et 70°, et goûtés purs, allongés d’eau puis sucrés. En privé, les membres du jury avouaient apprécier peu les riches bouquets floraux suisses ou provençaux. Ils furent par ailleurs très surpris, le signataire de ces lignes compris, d’avoir attribué la Cuillère d’Argent à la Pernod 68 de la firme de Créteil. Un titre alcoolique, proche des absinthes historiques, et testé depuis un an, à l’export, par la dynamique distillerie de Pontarlier Les Fils d’Emile Pernot, ou très prochainement, dans l’hexagone, par la Muse Verte d’Arthez d’Armagnac. Néanmoins, le savoir-faire franc-comtois s’est attribué la part du lion puisque la Cuillère de Bronze a récompensé la firme fougerollaise Paul Devoille, qui propose avec sa Libertine (55°), une liqueur à base d’alcool de vin au subtil goût de fenouil. Au demeurant, Fougerolles a rattrapé, cet été, son retard sur Pontarlier en matière de commercialisation d’apéritifs aux plantes d’absinthe puisque Lemercier Frères a lancé sur ce marché, en plein essor, l’Abisinthe (45°), une macération distillée non sucrée. Bref, en un mot comme en cent, les Absinthiades sont devenues indispensables, en l’espace de deux ans, d’où la présence méritée des reporters de Jean-Pierre Pernaut pour son fameux journal télévisé de la mi-journée.

 

Benoît Noël : Exposition Jules Adler à Luxeuil-les-Bains : L’œil d’aigle, Passions Grand Est, N°22, décembre-février 2003.

Peintre inclassable, Jules Adler (1865-1952) est indispensable. Aujourd’hui négligé, il n’est pas négligeable. Cette exposition rétrospective organisée par le service culturel de Luxeuil-les-Bains, sa ville natale, participe donc à une salutaire entreprise de réhabilitation. Les clés de l’œuvre de cet artiste atypique sont peut-être précisément à rechercher dans ses origines. De fait, J. Adler sembla toujours en phase avec sa judéité et la modeste classe sociale de ses parents. Fils d’un marchand drapier de Montbéliard, installé à Luxeuil-les-Bains; il consacrera sa vie à transcender les ouvriers sur toile, et à défendre les siens de l’antisémitisme. Mieux, il réussira le double exploit de mener une carrière linéaire, assortie de prestigieuses récompenses institutionnelles de son époque, en ayant séché les cours de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, et en imposant d’emblée des toiles dérangeantes pour le confort intellectuel du Salon officiel tel ce Jeune Vagabond (1899 – Coll. part.), sauvageon au visage émacié qui pourrait troubler la quiétude d’une mère et de son bambin. Enfin, ce marginal, immédiatement à l’aise avec ses racines, voyagea abondamment et se trouva bien partout. Au demeurant, les autochtones rencontrés en chemin n’avaient qu’à se féliciter de la fulgurance avec laquelle ils les croquaient au fusain et en trois coups de cuillère à pot. La majorité d’entre eux n’identifiait-elle pas instantanément en lui un de leurs semblables, soit un authentique artisan? Les oeuvres d’Adler sont désormais disséminées, sinon dans les musées du monde, du moins dans ceux de l’hexagone mais il est permis d’imaginer qu’au-delà des fermiers des Vosges Saônoises, des pêcheurs de Douarnenez, Equihen, ou Villerville conservent pieusement l’icône encadrée d’un ancêtre oublié, signée d’un peintre encore inconnu.

 

Benoît Noël : L’Absinthe sonne toujours deux fois, Passions Grand Est, N°18, mars-avril 2002.

Chapeau de l’article : Apparue en 1797, la liqueur d’absinthe, très en vogue au XIXe siècle, fut prohibée en 1915 en raison de ses effets ravageurs. À Pontarlier, deux distilleries (François Guy et Émile Pernot) en proposent pourtant des similaires, en toute légalité…

Jules Adler : Jeune vagabond, 1899.